Comment le Théâtre contribuerait à un meilleur questionnement de certains aspects de l’Autisme 10

Posted by on Mai 9, 2014 in Blog

Pourquoi la mise en place du dispositif de subjectivité devrait-elle avoir lieu de prime abord ? Pareille obligation relève de la croyance selon laquelle le sujet serait l’être du monde, que l’on avoue croire ou non en son existence. Dans la perspective du théâtre les éléments n’obéissent pas à un tel ordre. Il y a, toujours et partout, Re-présentation. Ce processus (si tant est qu’on puisse parler de processus pour quelque chose qui se déclenche sans projet) se tient  non seulement à la base de toute évolution, mais aussi à chaque instant, mais encore transversalement en faisant naître des joints entre des points pourtant entrainés dans des lignes différentes. La Re-présentation, en se tenant à la base d’une évolution, engage le processus de latéralité (longueur et largeur) ; en se déclenchant à chaque instant, elle implique une colonne ou une pyramide (épaisseur et hauteur) ; en joignant des lignes divergentes, elle ouvre une arrière cour commune (profondeur et intérieur). Ce processus, qui n’en est pas un, met en mouvement les évolutions, il intervient à chaque maillon de chacune de leurs chaines et, quelque part, selon telle ou telle modalité temporelle, il rassemble ces dernières. La Re-présentation est autant en écho, qu’immédiate ou historique. Elle est effective à tous les stades, tous les niveaux et dans tous les sens, d’où son impossibilité à privilégier un sens plutôt qu’un autre – ceci expliquant d’ailleurs son caractère contradictoire par rapport au sens : étrangère aux particularités qui l’institue comme sens, mais, toutefois, matrice indifférenciée de celui-ci.

Dans la logique du processus de Re-présentation, qui n’en est pas un – donc qu’en conséquence, on ne puisse concevoir qu’il s’inscrive dans une logique habituelle -, dans sa logique, tout de même, la mise en place du dispositif de subjectivité vient à un stade ultérieur et se tient à côté. Il n’y a pas, de prime abord, un sujet, comme il n’y aurait qu’un seul comédien pour jouer un rôle, bien que certains, en raison de leur talent, aient tant marqué les esprits que ceux-ci se sont mis à les confondre. Certes, la réflexion – propre au sujet – fait partie de l’ensemble des manifestations de la Re-présentation, mais elle n’en est qu’une déclinaison et ne saurait se concevoir comme sa base. Bien sûr, quand nous constatons que la réflexion n’aurait pu exister sans le processus – qui n’en est pas un – de Re-présentation, sans l’avoir voulu nous constatons que l’un permet l’autre, donc que cette dernière implique le premier, et qu’une telle implication irait jusqu’à les rendre indissociables, mais la réflexion n’en reste pas moins secondaire par rapport à ce « processus ». Toutefois, nous devons reconnaitre que la réflexion – propre au sujet qui ne manque pas de se projeter – apporte à la Re-présentation le droit de se faire appeler « processus ». Le reflet est une signification, prémice d’un savoir, prémisse du savoir, grâce auxquels le sujet se dressera face au monde et même à lui-même. Avant le sujet qui se trouve à côté, il y a la Re-présentation et la réflexion, avec le sujet, viendra après et à côté.

Nantie de la réflexion, la subjectivité aura beau nous confirmer, avec l’outil du savoir, que nous savons que nous sommes, la Re-présentation n’aura pas empêché de « sentir » que l’on est, même si ce « on » n’est pas encore un « nous » ou un « je », au sens où l’entendent nos sociétés.