Comment le Théâtre contribuerait à un meilleur questionnement de certains aspects de l’Autisme 21

Posted by on Juin 17, 2014 in Blog

Pourquoi la Re-présentation appellerait-elle la subjectivité ? La réponse que nous avons donnée  :  » en raison de son manque », n’en n’est pas une, il s’agit plutôt d’une affirmation, d’une assertion qui, elle, pour sa part, souffre réellement d’un manque : un manque de développement. Nous avons évoqué la distinction entre le ou les présents et la Présence parce qu’elle s’inscrit dans la différence entre la subjectivité et la Re-présentation. Pour tâcher de bien vous l’expliquer, nous devons clarifier ce que nous entendons par Re-présentation et pour commencer nous emploierons une métaphore, une image (ceci avec toutes les réserves que ce genre mérite) : l’image de deux glaces qui se font face.

Chacun des deux miroirs se faisant face, renvoie l’image de l’autre. Donc, l’image de chaque miroir est celle de l’autre puisqu’il envoie ce qu’il renvoie de l’autre. Dans cette comparaison, il est impossible de déterminer ce qui précède : quand nous disons que tel miroir, en « envoyant » son image, renvoie celle de l’autre, nous nous plaçons au début d’une séquence que nous avons découpée arbitrairement. La succession de l’envoi et des renvois a débuté bien plutôt, si ce n’est jamais ;  il est dérisoire de fixer une origine et de décider que tel renvoi, plutôt que tel autre, serait « l’envoi ». En procédant ainsi, on exprime le caractère dérisoire d’un présent. Nous voulons dire par là, le présent de ce (ou celui) qui a découpé la séquence.

Attention, l’exemple des deux miroirs n’est qu’une image, une métaphore, la Re-présentation ne se tient pas entre deux miroirs. Entre deux miroirs, se déploie un croisement de reflets, un jeu de représentations (sans tiret et sans majuscule), lequel nous semble, pour l’instant, le meilleur moyen de donner une idée de la Re-présentation. Nous venons de dire que la Re-présentation ne se tenait pas entre deux miroirs, c’est inexact, elle se tient partout mais pas particulièrement entre deux miroirs. Ce qui se tient particulièrement relève d’un présent, alors que la Re-présentation a pour symptôme la Présence.

Toutefois, la capacité de « donner une idée » (en l’occurrence « une idée de la Re-présentation »), ne dépend pas que des êtres humains conscients. Le mot « idée » ne doit pas se référer exclusivement à la conceptualisation humaine. Là encore, nous utilisons un moyen métaphorique et il nous faut prendre distance d’avec l’anthropocentrisme dans lequel il s’enracine. Paradoxalement, cette mise en garde  recèle un grand danger, celui, en ne voulant pas référer le mot « idée » à la seule conceptualisation humaine, de l’affubler d’un caractère transcendantal et de le remettre entre les mains de quelconques divinités. Il ne s’agissait pas d’étendre « l’idée » à l’au-delà mais, au contraire, de ne pas l’exclure de l’en deçà. Pour paraître (et nous ne disons pas « apparaître » qui ne relèverait que des présents), toute chose a besoin qu’une autre(s) chose(s) en ait « l’idée » (sans intention ni concept). Ainsi, dans notre comparaison avec les deux miroirs qui se font face : pour que l’effet du croisement de leurs reflets se produise, il est nécessaire que quelqu’un, ou quelque chose, se tienne entre les deux et le perçoive.

Tout de suite, il est besoin de vous préciser : en disant qu’il est nécessaire que quelqu’un se tienne entre les deux miroirs afin de percevoir leurs reflets, nous n’avons pas dit que cela était nécessaire pour qu’il en conceptualise l’effet et qu’ainsi ce dernier soit perceptible. Non, ici, « en avoir l’idée » ne consiste justement pas à objectiver et posséder une idée, un concept, mais plus simplement à se tenir là, entre les deux miroirs ; de plus, » se tenir là », veut dire assister à la représentation des reflets. La représentation des reflets a besoin du spectateur entre les deux miroirs, comme chaque moitié d’une parcelle de matière a besoin d’un tiers pour correspondre, se lier, se relier, s’opposer, se représenter, paraître. La Présence demande un (ou plusieurs) présent pour paraître. La Re-présentation appelait la subjectivité parce que la Présence appelle le ou les présents. Il n’est pas certain, et cela est effrayant, que la Re-présentation profonde des autistes appelât les mêmes présents que les communs des mortels.