Comment le Théâtre contribuerait à un meilleur questionnement de certains aspects de l’Autisme 40

Posted by on Sep 30, 2014 in Blog

Il est difficile de saisir un refoulement originaire de même qu’il est difficile de saisir toute origine, à part l’origine de la séquence d’un ensemble, encore qu’on la saisisse « en gros » et qu’il n’est pas certain qu’on la saisisse au milliardième près. La difficulté n’est pas seulement due à l’impossibilité de voir la limite du néant, mais aussi, et surtout, au fait que, spontanément, les êtres humains ont glissé dans la tête de chacun d’entre eux, le résultat de toute chose, toute production, toute représentation.On ne perçoit jamais vraiment un début parce que celui-ci se trouve déjà recouvert par l’illusion de son résultat. le constat d’un échec consiste en la comparaison entre la représentation de celui-ci et la représentation de son fantasme, quand bien même ce dernier n’est aucunement celle d’un projet ou d’une intention. D’ailleurs, il leur fut nul besoin de faire appel à « l’intention » pour que les humains inventent la notion de projet qui occupe une si grande place dans leur vie sociale. Il leur a suffi de passer par la notion pré-scientifique de « cause » lorsqu’ils observaient la nature, pour se passer de la notion de projet. Toutefois, force est de reconnaitre qu’ils se sont empressés de remettre du projet intentionnel, du dessein dans ce qu’ils constataient « objectivement » (deux symptômes sociaux de notre époque apportent la preuve de ce réflexe : le bruit accompli par la minorité « créationniste » aux Etats-unis » et la grande mode, dans le mond occidental, en faveur « des grandes causes », la cause se dotant, dans ce cas, d’une intention humaniste). Nous reconnaissons bien aisément que l’idée de projet a permis les réalisations admirables de chaque civilisation, mais nous restons persuadés qu »elle a rendu plus difficile, à la pensée humaine, d’appréhender la « limite du néant » qu’on s’est contenté de confiner dans l’acception du « négatif ».

Il est toujours difficile de saisir un refoulement originaire pour la simple raison que, traditionnellement, il n’est pas de mise de le concevoir : comment refouler ce qui n’existe pas ? Sauf à jouer sur les mots et sur la succession chronologique : ce qui n’existe pas, n’existe plus puisqu’on la refoulé. Ce genre de « flou » n’est pas aussi absurde qu’il parait si l’on fait appel à « l’infiniment petit » et aux expérimentations menées par les spécialistes de la théorie des quanta dans le domaine de la physique. On est déterminé par la proportionnalité macroscopique des observations et des calculs menés et conduits à  l’échelle humaine. Quand on parvient à observer « l’infiniment petit », il est impossible de situer exactement (selon les critères fixes du monde macroscopique) la place de tel élément ou de tel état par rapport à tel autre, bien qu’on puisse émettre l’hypothèse que celui-ci cause celui-là.

Il existe une autre piste pour résoudre cette question, elle ne supprime pas du tout celle des quanta : on a pour habitude de considérer que « la fonction crée l’organe », eh bien, qu’on en tire la conséquence ! Pour qu’il y ait refoulement, il n’est pas obligatoire qu’il y ait quelque chose à refouler, le principal est qu’il existe un organe qui refoule. Nous irons, d’ailleurs, encore plus loin : non seulement ce qui agit sur une chose suscite, plus ou moins, cette chose, mais « l’agir » se suffit comme agent. Non seulement « l’agir » suscite ce sur quoi il agit, mais il tient lieu aussi de ce qui agit. Vous nous direz peut-être : « alors, il ne reste plus rien, ni objet ni sujet, seulement un « agir » dont on se demande si on sera capable de l’apercevoir. Nous trouverions que vous auriez bien raison, il n’y a plu rien à regarder et c’est la difficulté pour voir, si ce n’est subodorer. L’originaire ne se voit pas et nous n’employons pas, pour évoque cet étrange « agir », le terme « d’action », mais celui d’acte. Comme au théâtre. En effet, le théâtre travaille sur « l’originaire », et pour ne pas donner à accroire qu’il retrouverait l’origine scientifique des choses, nous dirons plutôt qu’il travaille sur « l’original », c’est à dire qu’il est en capacité de rendre originale la plus rebattue des actions dont il fait un acte. Nous effleurons ici la question du texte qui n’occupe pas « vraiment » la première place, même s’il fut composé avant qu’on ne le joue, mais qui devient original d’être joué. La tradition dit qu’on crée une pièce quand on la joue la première fois. Au fond d’elles-mêmes beaucoup de personnes sont persuadées que l’écrivain, lorsqu’il compose le texte, fait oeuvre de création, mais l’usage théâtral rappelle, et elles ont bien du mal à l’entendre, que création il y aura quand ce texte sera en train d’être joué pour la première fois. Nous nous permettons d’outrepasser la tradition théâtrale et d’avancer que la pièce sera crée à chaque fois qu’elle sera jouée. La création relève du jeu.