Quand, sur scène, on s’efforce de jouer, non plus seulement de réciter ou de moyennement interpréter, on se met à « chercher en soi ». Chercher quoi ? Une motivation ? Ce ne serait pas réellement différent de la concentration du sportif avant sa performance, mais il ne s’agit pas exactement de cela. Que cherche-t-on vraiment ? Le personnage ? Peut-être. Des sentiments censés être ceux de ce personnage ? Certainement, mais comment alors les trouver ? Des sensations corrélées avec ces sentiments et déterminées par la situation dans laquelle ceux-ci devraient naitre ? Sûrement, mais comment ne pas s’ apercevoir que ces sensations sont proches de celles que nous avons déjà éprouvées ou imaginées, et comment remettre la main dessus pour les rassembler ? Nous avons l’impression de nous heurter à un noyau dur, pourtant fait de mollesse tant tout se brouille et se confond ! Heureusement que pour le sportif et le trapéziste il n’en n’est pas de même. L’acteur est un chevalier qui affronte une forteresse qui apparait et disparait.
9 est le Chiffre dont la grandeur est la plus importante par rapport à celles des autres Chiffres. Nous avons dit que ces grandeurs n’étaient pas quantitatives. Une grandeur non quantitative, voilà qui est paradoxal et demande explication : nous sommes habitués, et la langue nous y encourage, à penser la grandeur depuis les notions de dimension et de mesure, nous sommes habitués à envisager la grandeur depuis les précisions quantitatives, mais cette habitude n’est pas originelle dans la matière. Elle apparait quand les hommes entreprennent de ressaisir la nature au moyen du calcul et des nombres.
Auparavant, pour la matière, une grandeur n’apparait pas selon pas selon une taille mesurable, mais en raison de son importance, c’est à dire de ce en quoi elle importe aux autres éléments. 9 importe beaucoup aux autres Chiffres. Notez que l’importance est d’abord ressentie comme une qualité qui importe avant de se cantonner à l’importance numérique (quantitative).
9 est le complémentaire de 0 qui, réciproquement, est le complémentaire de 9. 0 et 9 forment le premier couple de Chiffres complémentaires. Leur complémentarité est vérifiable au moyen de la soustraction. Rappelons que le complémentaire d’un Chiffre est égal au reste de la soustraction de ce Chiffre de 9 :
9 – 0 = 9 qui est le complémentaire de 0,
9 – 9 = 0 qui est le complémentaire de 9 (la soustraction de 9 vaut aussi pour lui-même).
Pour les Chiffres 1 2 4 5 7 8, le Chiffre 9 est inatteignable. En revanche, pour les nombres qui précèdent 9, celui-ci est tout à fait atteignable. A 8, il suffit d’ajouter une unité, à 7, deux unités, à 6, trois unités etc… Etant entendu que le principe de l’unité n’est pas d’être unique, mais que les unités d’un ensemble soient rigoureusement égales.
Contrairement à la légende, l’idée d’égalité n’a pas été conceptualisée à partir de la balance. La balance a permis de vérifier l’égalité de poids entre les choses mais, au départ, elle a servi plus simplement à constater qu’une chose l’emportait sur une autre, donc qu’elle lui était plus lourde. C’est le phénomène de répétition qui a permis d’envisager l’égalité. Les choses qui se répètent sont égales. Encore faut-il qu’elles soient différentes car, s’il n’y avait pas de ruptures entre elles, il n’existerait qu’une seule et même chose, une chose unique.
Les Chiffres ont toujours rappelé ce type de rapport, mais il y a belle lurette qu’on ne les entend plus.
Dans la pratique du spectacle, et particulièrement dans celle du Théâtre, un élément revêt une grande importance, la Répétition. Le plus étonnant est que la première répétition soit déjà une répétition ! Mais de quoi ? Du spectacle lorsqu’il sera achevé ? De sa dernière représentation au public ? On a l’impression, en réfléchissant à l’expression « répétition » d’un serpent qui se mord la queue. Il y a du vrai dans pareille impression parce que la dernière représentation répète, pour une part, la première répétition et que la première répétition re-présente, pour une petite part, quelque chose. Et par re-présente, nous entendons « fait naître ».
Mais comment des choses qui se répètent peuvent-elles être différentes ? D’où nait la différence ? La différence nait de la succession. Complètement pénétrés par l’idée du temps (qui est une interprétation humaine), nous ne percevons la succession que dans une dimension linéaire et historique. Nous avons oublié qu’avant d’être une suite temporelle, la succession est la marque de la différence. La première différence est une succession.
Il existe donc des Chiffres de succession, 3 et 6, qui se distinguent des Chiffres de conjonction : 1, 2, 4, 7, et 8.
A un niveau, celui des Chiffres, où n’intervient pas vraiment l’addition (avec l’ajout de l’unité), les Chiffres de conjonction ne parviennent pas à atteindre la forteresse de 9. On est tenté de dire qu’il suffirait d’ajouter, à chaque Chiffre, son Chiffre complémentaire pour qu’à eux-deux, ils parviennent à 9. Mais au niveau des Chiffres, il n’est pas question d’employer l’addition. Le complémentaire n’est que la différence entre 9 et ce Chiffre.
Les Chiffres de conjonction n’atteignent pas 9. Ils ont beau se multiplier entre eux, ils restent en dehors de la forteresse. Pour exemple : 1 x 2 x 4 X 5 x 7 x 8 = 2.240 → 2 + 2 + 4 + 0 = 8
D’ailleurs, dès qu’un Chiffre (de succession ou de conjonction) atteint 9, dès qu’il se multiplie avec 9, il disparait, c’est à dire qu’il est absorbé par lui. Tous les Chiffres, à part 0, sont absorbés par 9 :
1 x 9 = 9, 2 x 9 = 18 → 1 + 8 = 9, 3 x 9 = 27 → 2 + 7 = 9; 4 x 9 = 36 → 3 + 6 = 9; 5 x 9 = 45 →4 + 5 = 9; 6 x 9 = 54 → 5 + 4 = 9; 7 x 9 = 63 → 6 + 3 = 9 ; 8 x 9 = 72 → 7 + 2 = 9
Même 9 n’échappe pas à 9 ! 9 x 9 = 81 → 8 + 1 = 9
Seul 0 est plus absorbant que 9 : 0 x 9 = 0
0 et 9 forment le premier couple complémentaire, un couple absorbant.
De quoi est constitué 9 ?
A part 0, toutes les occurrences de Chiffres touchées par 9 sont prises, désarticulées et broyées dans sa forteresse, cette espèce de « trou noir » (comme diraient les cosmologisteses), un trou où, dans l’obscurité (contraire à l’éclat d’une étoile), se déroule une incommensurable fusion.
On serait tenté de dire que 9 est constitué par tous les cadavres de Chiffres en fusion, mais il est besoin d’interrompre la métaphore. Ce n’est pas aussi simple et à la fois plus simple : pour savoir, en partie, de quoi est constitué 9, nous extrayons la racine carrée de 9, et nous nous rendons compte qu’il en existe deux ! √9 = 3 et √9 = 6.
Nous le vérifions avec les nombres : 3 x 3 = 9,
et avec leur réduction latérale : 6 x 6 = 36 → 3 + 6 = 9
3 et 6, les deux Chiffres de succession sont des Chiffres complémentaires 9 – 3 = 6 et 9 – 6 = 3.
Nous ne manquons pas d’imaginer que 9 serait constitué de bien d’autre chose, mais cette « autre chose » étant indiscernable, nous nous en tenons à l’actualisation, c’est à dire aux deux Chiffres de succession.
Comme dans tous les couples complémentaires, les deux Chiffres ont le même carré :
3² = 6² = 9 (6 x 6 = 36 → 3 + 6 = 9)