VI – 3. Les différentes fonctions des Chiffres de conjonction

Posted by on Fév 4, 2016 in Blog, Les Chiffres au fond des nombres

En occident, depuis la fixation d’un texte oral, les Acteurs – lesquels se retrouvaient entre eux puisque les femmes avaient été chassées pour longtemps de la scène – étaient, avant tout, chargés de proférer des significations. Progressivement, certains types de significations furent associés à certains types d’Acteurs qui, rappelons le, étaient des amateurs. Le Théâtre se professionnalisant, les différents types d’acteurs se spécialisent dans différents types de significations. Peu à peu, ces divers types de caractères extérieurs, ces espèces de caricatures, deviennent des caractères internes. Une sorte de caractérologie, assez rigide, se met en place. A partir de la caractérologie s’établiront des grilles « d »emplois ». Les Acteurs seront engagés dans les compagnies avec pour mission de remplir des emplois particuliers.

Cette notion d’emploi perdurera et elle perdure encore. Bien sûr, on ne la respecte plus mécaniquement, d’autant plus que les femmes ont pu enfin monter sur la scène. Et l’on se plait à pratiquer le contre-emploi qui, bien souvent, devient le bon emploi selon l’esprit des époques.

L’entrée en scène des femmes enrichira le Théâtre et l’aidera à se libérer encore plus de la seule signification. Les tragédiennes l’enrichiront particulièrement. D’une certaine façon, elles ont plus ou moins renoué avec l’esprit et la vibration animant les Choeurs de jeunes femmes qui, possédées par Dionysos, couraient et faisaient trembler les campagnes avant que les Cités Grecques ne les masculinisent et ne les disciplinent en inventant « la Tragédie antique ».

En dépit de son éloignement d’avec la chaleur du Choeur Dithyrambique, la caractérologie s’affine, s’intériorise et fait un pas vers ce qui n’a pas encore de nom pour les gens du plateau, la psychologie. Avec la psychologie, le Théâtre, qui était balloté par les courants de la signification, reprend pied sur ce qui le fonde : le jeu dramatique (même si le drame littéraire ne fut pas à l’origine du Théâtre).

Mais la voie de la psychologie ne manque pas, à son tour, d’emprunter le chemin du tic et de la convention où il s’agit de montrer plutôt que d’être – certes, il sera moins question d’imposer une vérité religieuse ou d’asséner un message politique, toutefois, il faudra se montrer capable d’exhiber un trait névrotique – mais, au moins, elle tente de renouer avec la re-présentation.

Même si le nouveau Théâtre s’efforce d’effacer son identité en parlant plutôt de locuteur et de rôle, le personnage, dans le Théâtre occidental, existe bel et bien. Il n’en reste pas moins que sa densité se fonde, pour une grande part, sur quelque chose de paradoxal. Les relations entretenues avec les autres personnages semblent prendre le pas sur un noyau identitaire et, peut-être, le déterminent-elles en partie. La situation est déterminante pour l’identification. Ceci nous rappelle ce que disait Gaston Bachelard sur la nouvelle vision qu’il fallait adopter quant aux objets mathématiques :

On a donc bien pris toutes les précautions pour que la compréhension des objets soit, si l’on peut dire, une compréhension par en dessus et non point par en dessous comme l’était la compréhension d’origine substantielle. autrement dit encore, il s’agit de qualités uniquement relationnelles et nullement substantielles.

Cf. « Le nouvel esprit scientifique ». Gaston Bachelard. Presses universitaires de France 1968 p. 29

Faisons tout de même attention, du point de vue de l’Actrice et de l’Acteur, la compréhension par en dessus ne doit pas devenir une fuite vers une complète extériorité où ne compterait plus que l’expression.

L’actrice et l’acteur ne seraient plus que des hauts-parleurs comme l’étaient les tragédiens antiques sous leur masque. Il n’en reste pas moins  que l’acteur et son personnage mutent au contact de leurs partenaires et interlocuteurs. La situation est devenue primordiale – situation scénique et fictive. Le rapport à l’autre est fondateur d’une nouvelle identité. C’est ce qui se passe avec les Chiffres de conjonction.

 

Fonction de Répétition 1.   Le Chiffre 1 répète le Chiffre qu’il multiplie :

1 x 1 = 1 ; 2 x 1 = 2 ; 3 x 1 = 3 ; 4 x 1 = 4 ; 8 x 1 = 8 ; 7 x 1 = 7 ; 6 x 1 = 6 ; 5 x 1 = 5.

Fonction de Doublement (double) 2.  Le Chiffre 2 double le Chiffre qu’il multiplie :

1 x 2 = 2 ; 2 x 2 = 4 ; 3 x 2 = 6 ; 4 x 2 = 8 ; 8 x 2 = 7 ; 7 x 2 = 5 ; 6 x 2 = 3 ; 5 x 2 = 1.

Fonction de Diminution (moitié) 5.  Le Chiffre 5 diminue de moitié le Chiffre qu’il multiplie :

1 x 5 = 5 ;  2 x 5 = 1 ;  3 x 5 = 6 ; 4 x 5 = 2 ; 8 x 5 = 4 ; 7 x 5 = 8 ; 6 x 5 = 3 ; 5 x 5 = 7.

Fonction de Complémentarité (complémentaire) 8.  Le Chiffre 8 produit le complémentaire du Chiffre qu’il multiplie :

1 x 8 = 8 ; 2 x 8 = 7 ; 3 x 8 = 6 ; 4 x 8 = 5 ; 8 x 8 = 1 ; 7 x 8 = 2 ; 6 x 8 = 3 ; 5 x 8 = 4.

 

Si tout Chiffre bénéficie du doublement,de la diminution et de la complémentarité, il en est , justement, de même pour le complémentaire.

Chaque Chiffre est le complémentaire d’un autre  et ce complémentaire doit être traité en tant que tel. Donc tout Chiffre renvoie à un complémentaire qui doit bénéficier d’un doublement et d’une diminution spécifiques. Fonctionnellement, il est nécessaire de partir du Chiffre dont on veut doubler ou diminuer le complémentaire.

Fonction de doublement du complémentaire 7.  Le Chiffre 7 produit le double du complémentaire du Chiffre qu’il multiplie :

1 x 7 = 8 (compl. 8) ; 2 x 7 = 5 (compl. 7) ; 3 x 7 = 3 (compl. 6) ; 4 x 7 = 1 (compl. 5) ; 8 x 7 = 2 (compl. 1) ; 7 x 7 = 4 (compl. 2) ; 6 x 7 = 6 (compl. 3) ; 5 x 5 = 8 (compl. 4).

Fonction de diminution du complémentaire 4. Le Chiffre 4 produit la diminution de moitié du complémentaire du Chiffre qu’il multiplie :

1 x 4 = 4 (compl. 8) ; 2 x 4 = 8 (compl. 7) ; 3 x 4 = 3 (compl. 6) ; 4 x 4 = 7 (compl. 5) ; 8 x 4 = 5 (compl. 1) ; 7 x 4 = 1 (compl. 2) ; 6 x 4 = 6 (compl. 3) ; 5 x 4 = 2 (compl.4).

 

Nous n’avons pas multiplié 0 et 9 par aucun des Chiffres de conjonction pour la bonne raison que le produit eut été toujours de 0 et de 9. En revanche, nous avons, tout de même, multiplié les Chiffres de succession 3 et 6 dont le produit  de chacun des deux peut être lui-même ou son partenaire. Ils sont semi-absorbants.

Au cours de l’ensemble des multiplications, on a, évidemment constaté que chaque Chiffre se retrouvait doublé, diminué ou « complémentarisé ». mais on ne doit pas oublier, qu’une multiplication comportant deux facteurs, chacun des deux Chiffres exerce son action sur l’autre et participe de la détermination du produit.

Ainsi dans l’opération : 7 x 1 = 7

  • le Chiffre 7 est multiplié par la fonction de répétition 1, donc le Chiffre 7 se trouve répété et le produit est 7,
  • mais le Chiffre 1 est multiplié par 7 qui remplit la fonction de doublement du complémentaire,
  • donc le Chiffre 1, fonction de répétition, est muté en double de son propre complémentaire 8.

 

Le produit de cette opération est la répétition du Chiffre 7 et la trans formation de 1 en double de son complémentaire 8. Donc la répétition d’un Chiffre et le doublement du complémentaire de l’autre. En représentant deux Chiffres l’un à l’autre, la multiplication s’exerce de l’un sur l’autre et réciproquement. Le Chiffre produit est une synthèse de l’exercice de ces deux fonctions. Entre autres. Parce que le profil d’un Chiffre de conjonction n’est pas univoque et cristallise plusieurs caractéristiques.

Dressons le profil des 6 Chiffres de conjonction : 1, 2, 4, 8, 7 et 5 

Le 1 : 

  • 1 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  • il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puisse les multiplier
  • il est le double de 5
  • il est la moitié de 2
  • il est le complémentaire du Chiffre 8
  • il exerce la fonction de répétition de tous les Chiffres, même 0 et 9, ce qui est logique puis qu’il s’agit de répétition mais cela lui confère un statut particulier vis à vis des autres Chiffres de conjonction (ceci expliquant peut être la primauté qui lui fut accordée dans l’ordre numéral).

Le 2 :

  • 2 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  • il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puisse les multiplier
  • il est le double de 1
  • il est la moitié de 4
  • il est le complémentaire du Chiffre 7
  • il exerce la fonction de doublement de tout Chiffre (à part 0 et 9) en multipliant celui-ci.

Le 4 : 

  • 4 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  •  Il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puisse les multiplier
  • il est le double de 2
  • il est la moitié de 8
  • il est le complémentaire du Chiffre 5
  • il exerce la fonction de diminution du complémentaire de tout Chiffre (à part 0 et 9) en multipliant celui-ci.

Le 8 : 

  • 8 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  • il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puisse les multiplier
  • il est le double de 4
  • il est la moitié de 7
  • il est le complémentaire de 1
  • il exerce la fonction de complémentarité de tout chiffre (à part à et 9) en multipliant celui-ci.

Le 7 : 

  •  7 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  •  il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puissent les multiplier
  •  il est le double de 8
  •  il est la moitié de 5
  •  il est le complémentaire de 2
  •  il exerce le fonction de doublement du complémentaire de tout Chiffre (à part 0 et 9) en multipliant celui-ci.

Le 5 : 

  •  5 est étranger aux Chiffres circulaires 0 et 9
  •  il est différent des Chiffres de succession 3 et 6, bien qu’il puisse les multiplier
  •  il est le double de 7
  •  il est la moitié de 1
  •  il est le complémentaire du Chiffre 4
  •  il exerce la fonction de diminution de moitié de tout Chiffre (à part 0 et 9) en multipliant celui-ci.

Chaque Chiffre de conjonction est un carrefour et pas du tout un aboutissement. Donc pas, non plus, une origine transcendante.

Il est important de ne pas confondre des éléments qui nous paraissent semblables sous le seul prétexte qu’ils arrivent et passent au même point. Prenons, par exemple, le Chiffre 4. nous savions  qu’il était le double de 2 et nous savons maintenant qu’il est le complémentaire de 5, mais nous sommes prêts à admettre  qu’il ne s’agit pas exactement de la même chose, pour la raison que ce même Chiffre 4 n’est pas le produit d’un seul et même processus.

En revanche, nous devenons plus réticents quand nous devons distinguer entre le complémentaire de 5 (9 – 5 = 4) et la moitié du complémentaire de 1 (9 – 1 = 8 → 8 x 5 et 1 x 4). « Tout ça, c’est des histoires de complémentaire, c’est du pareil au même ! » Et bien non !

La complémentarité d’un certain Chiffre n’est pas la même chose que la diminution d’un autre complémentaire d’un autre Chiffre, même si ces deux démarches se croisent en un point semblable. Ce qui est semblable est aussi différent. Les Chiffres nous apprennent que les identités sont des associations de différences.