Possession, identification et considération
Les choses qui existent sont des représentations, les unes matérielles, les autres immatérielles, mais qui en décide ? C’est nous qui en « décidons », ou plutôt la conformation de notre perception et de notre conception, mais nous en « décidons » comme en « décident » les autres mammifères, les autres animaux, les végétaux et les minéraux. J’appellerai ce type de décision inintentionnelle : une considération. Celle-ci est différente selon les espèces et les catégories de matière. Au Théâtre, l’acteur peut jouer le rôle d’un zèbre ou d’une betterave, étant entendu qu’il ne faille pas confondre jouer et signifier – encore que certains ne parviennent pas à ressentir une différence et que d’autres tiennent le fait de signifier plutôt que de » jouer » pour une libération, une désaliénation et de l’interprète et du spectateur qui, ainsi, éviteraient de s’identifier. Jouer une betterave ou un zèbre ne veut pas dire, qu’en terme d’essence, on devienne un zèbre ou une betterave, mais que, sur scène, on assume la re-présentation de la betterave ou du zèbre, laquelle produit, entre autre, des représentations de zèbre ou de betterave chez les spectateurs et les partenaires. Assumer la re-présentation du zèbre ou de la betterave ne manquera pas d’affecter le dispositif identificatoire de l’actrice et l’acteur,
Read MoreUn mille feuilles vertical, latéral ou transversal ?
Dans la description de la matière que j’ai entreprise à partir du Théâtre, je me suis référé à l’image du mille feuilles afin de substituer au terme d’objet celui de représentation, toutefois, comparaison n’étant pas raison, cette métaphore appelle critique, analyse et nuances. Le mille feuilles est un modèle aisé à comprendre mais, en dépit de ses nombreuses feuilles, il risque d’offrir un exemple par trop rigide et univoque. Les représentations remplaceront les objets si elles ne nous confinent pas à des corps et des substances incontournables. Il est nécessaire de relativiser ce mille feuilles et de s’interroger sur sa situation. J’ai tout de suite pensé au mille feuilles du pâtissier, mais après tout le mille feuilles est un objet comme un autre alors que celui dont je m’efforce de parler change d’aspect aux yeux de chaque client entrant dans la pâtisserie. Certes, ce nouveau mille feuilles sera plus ou moins identique à celui que j’ai perçu, mais il ne manquera pas de présenter de légères différences au regard d’une autre perception, et je ne suis pas certain que telle ou telle perception en détienne la vérité. Chaque effet perceptif est une représentation et son rapport avec une vérité du réel dépend de l’adéquation avec l’ensemble – qui n’est jamais achevé – des autres représentations lesquelles relèvent de différents domaines, différentes espèces et différents types de rapport. On s’imaginera que, pour moi, une représentation se limiterait à une perception. Tel n’est pas le cas, les différents ensembles de « matière » ne sont nullement dotés de ce minimum de conscience (représentation de la représentation) dont bénéficie les êtres vivants, tant animaux que végétaux. Il n’en reste pas moins que toutes les représentations sont en situation et que celle-ci pèse sur elles. Ce poids me permet de dire qu’elles considèrent leur situation selon une forme de considération non consciente.
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